30/03/2012
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Deux nouvelles études, publiées le 29 mars dans la revue Science, démontrent la
responsabilité directe des pesticides de la famille des néonicotinoïdes dans la
mortalité des abeilles domestiques et des pollinisateurs sauvages. Il n'est plus
admissible que ces produits continuent à être utilisés pour traiter les semences
et les plantes cultivées.
Depuis plusieurs années, les apiculteurs avaient remarqué que les abeilles qui
butinent des champs traités par les néonicotinoïdes (Gaucho, Cruiser,
Proteus...) sont désorientées, ne retrouvent pas leur ruche et meurent
massivement. Depuis plusieurs années, les promoteurs de ces pesticides
extrêmement rémanents (ils peuvent se retrouver dans les repousses un an après
leur application !) prétendaient prouver par des expérimentation « hors-sol »
fantaisistes que les apiculteurs se trompaient. Quelques théoriciens
réductionnistes exprimaient ainsi un mépris du savoir paysan, et osaient nier
les observations de terrain. Ils viennent de recevoir un démenti cinglant à
travers deux expériences scientifiques indépendantes.
D'une part, une équipe d'agronomes français a démontré que les abeilles
ayant butiné des plantes traitées par les néonicotinoïdes perdent bel et bien
leurs repères, et qu'un nombre considérable d'entre elles (10 à 30 %) ne
retrouvent plus leur ruche et meurent. D'autre part, une équipe de biologistes
écossais a établi que les bourdons (pollinisateur essentiel pour de nombreuses
cultures agricoles) confrontés à des plantes traitées par ces molécules se
développent nettement moins bien et perdent jusqu'à 85 % de leurs reines, ce qui
peut signifier une baisse de 85 % des nids l'année suivante !
Ces résultats, qui contredisent les procédures artificielles et «
hors-sol » mises en œuvre pour évaluer les pesticides, doivent être rapprochés
d'une vaste étude menée par des chercheurs américains et publiée dans Endocrine
Reviews. Cette dernière démontre que de très nombreuses molécules possèdent des
effets à « faible dose » bien plus dangereux que ce que les modèles théoriques
ont établi jusqu'à présent, et que les « effets cocktail » (ingestion à faible
dose de plusieurs molécules différentes) peuvent être gravissimes alors qu'ils
sont ignorés par les procédures d'évaluation. Or, dans la nature et dans le
monde réel, cet « effet cocktail » est permanent !
Pour l'association Agir Pour l'Environnement, il est urgent de revoir
de fond en comble les procédures d'évaluation des pesticides et autres molécules
chimiques, de façon à estimer enfin les « effets cocktails » tels qu'ils se
produisent dans la vie réelle, et à prendre en compte les effets cumulatifs des
faibles doses. Dans l'immédiat, et pour la survie des pollinisateurs et en
particulier des abeilles domestiques, Agir Pour l'Environnement demande
l'interdiction immédiate de tous les néonicotinoïdes.
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