FIÈVRE CLIMATIQUE !

La température moyenne de la planète est de 15,3°C. Depuis 1880, date des premiers relevés, la température a augmenté de 0,85°C. Le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) estime la hausse probable des températures à la fin du siècle à 4,8°C. Quatorze des 15 années les plus chaudes jamais mesurées se situent après l’an 2000 ! Pire, les rejets de gaz à effet de serre ont augmenté de 61% entre 1990 et 2013 à l’échelle du globe. Entre le début de la révolution industrielle et aujourd’hui, la concentration de gaz à effet de serre est passée de 280 à plus de 400 parties par millions. Pour retrouver de tels niveaux de gaz carbonique, il faut remonter à l'ère du pliocène, il y a 2,6 à 5,3 millions d'années.

Déforestation, désertification, hausse du niveau des mers, acidification des océans, multiplication du nombre événements climatiques extrêmes, rendement agricole en forte baisse, explosion du nombre de réfugiés climatiques, effondrement des écosystèmes… l’avenir dépeint par les experts du climat est sombre.

Malgré ces signaux d’alerte, les sommets climatiques se succèdent sans que la mesure du chaos climatique à venir ne soit pleinement prise en compte. Pire, au lieu de diviser par quatre nos émissions de gaz à effet de serre, responsables politiques et décideurs économiques poursuivent leur course folle en pompant, tels des « pétrooliques anonymes », tous les hydrocarbures conventionnels et non-conventionnels. L’Agence Internationale pour l’Energie, peu suspecte d’être un repère d’écologistes, estime désormais que pour limiter la hausse des températures à 2°, il est nécessaire de laisser 80% des ressources fossiles dans le sol.

COP21 : UN SOMMET… D’INCOHERENCES ?

Face à la menace climatique, il est illusoire de croire que de simples aménagements à la marge seront suffisants. La transition énergétique va nécessiter de revoir en profondeur notre rapport à l’énergie. Or, demain se prépare aujourd’hui. En multipliant les projets ayant un impact conséquent sur notre consommation d’énergie et sur nos rejets de gaz à effet de serre, les responsables politiques ne font pas honneur au mandat qu’ils ont reçu.

Comment ne pas être effaré par le déni qui conduit des élus locaux et nationaux à soutenir le projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes ; cette infrastructure étant justifiée au nom d’un bien hypothétique triplement du nombre de passagers d’ici à 2050 ! Le 10 juillet 2015, la loi dite Macron autorisait des sociétés privées à ouvrir des lignes de bus inter-cités, concurrençant directement les déplacements en train. Quatre-vingt-huit jours avant la tenue de la conférence de Paris, la ministre de l’Ecologie a annoncé avec fierté (!) le lancement d’un vaste plan de relance autoroutier doté d’un budget de près de 3,2 milliards d’euros.  Deux mois avant cette même COP21, la même ministre accompagnée pour l’occasion du ministre de l’Economie ont publié trois arrêtés accordant trois permis de recherche d’hydrocarbures liquides ou gazeux ! Que les fuites de méthane émises pendant l’exploitation des gaz de schiste en fassent de véritables bombes climatiques à retardement ne semble pas émouvoir les « irresponsables » politiques !

D’autres décisions relèvent de la pensée magique ou du verdissement écologique. Nucléaire, agrocarburants ou droit à polluer sont quelques-unes des mesures présentées comme des solutions au dérèglement climatique. Le nucléaire représente moins de 3% de l’énergie finale consommée dans le monde. Son coût et sa dangerosité ne peuvent en faire une solution crédible. Le bilan carbone des agrocarburants est parfois négatif, souvent à peine équilibré. Ces cultures à vocation énergétique ne peuvent pas prétendre être la solution permettant d’atteindre une réduction de 75% de nos émissions de gaz à effet de serre. Toutes ces fausses-solutions nous font perdre un temps précieux !