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Point de vue de Stéphen Kerckhove, délégué général d'Agir pour l'Environnement

Le drame vécu par l’équipe de Charlie Hebdo a rencontré une mobilisation historique empreinte d’une nouvelle envie d’unité et de fraternité. Abasourdis, par millions, de simples citoyens se sont rassemblés. Non dénués d’ambiguïtés, ces rassemblements ont fait leur le hachtag #jesuisCharlie. Sous une même bannière, celles et ceux que Charlie combattait hier sont devenus les plus fervents supporters d’un journal pourtant peu tendre avec les courtisans d’un jour. Nul doute que les dessinateurs de Charlie auraient peu goutté la présence de certains dirigeants qu’ils caricaturaient encore hier pour leur propension à museler la presse.

Par-delà ce temps de recueillement, nous devons faire vivre l’esprit de Charlie alliant habilement un ton irrévérencieux, un message impertinent tout en créant un espace critique à l’endroit des productivistes de tout poil.

Car être Charlie n’est pas seulement refuser les oukases des fous de dieu ; c’est aussi contester les errements d’une société qui érige l’avoir en valeur cardinale et renonce à placer l’humain au centre des attentions.

A l’heure où certains polémistes se relaient de plateaux de télévision en studios de radio pour promouvoir une France rance fleurant bon la naphtaline et le bon vieux temps qui ne ment pas, le trait des dessinateurs de Charlie est un rappel hebdomadaire aux messages des Lumières.

Ecolo-libertaire, gaucho tendance bordélique, anti-nucléaire et amoureux de la vie, Charlie n’est ni bête ni méchant. Parce que nos amis s’en sont allés, il nous faut poursuivre leur combat pour un monde où le rire terrassera à jamais les pulsions de mort des marchands de canon, des nucléairocrates, des promoteurs de l’agriculture productiviste, des afficionados du 4x4 et des viandards du dimanche chassant la palombe.

Oui, #noussommesCharlie. Et c’est parce que nous sommes Charlie que nous ferons vivre son esprit.