01 - Que sont les perturbateurs endocriniens ?

D'après l'Organisation mondiale de la santé (OMS), les perturbateurs endocriniens sont « des substances chimiques d’origine naturelle ou artificielle étrangères à l’organisme. Elles peuvent interférer avec le fonctionnement du système endocrinien et induire des effets néfastes sur l’organisme d’un individu ou sur ses descendants ». Ces produits chimiques sont très variés mais cinq « familles » se détachent du lot.

Que sont les perturbateurs endocriniens ?

Les plus connus des perturbateurs endocriniens sont les bisphénols, tel que le bisphenol A qui se retrouve dans les revêtements des boîtes de conserves, des canettes, des cuves agroalimentaires, des canalisations d'eau ou comme révélateur dans les papiers à impression thermique comme les tickets de caisses. Si le Bisphénol A (BPA) a été interdit dans les biberons depuis janvier 2011 et qu'il sera interdit dans les contenants alimentaires à partir de janvier 2015, nous le retrouvons encore dans de nombreux produits de la vie quotidienne. Le BPA est associé à des tumeurs mammaires, au diabète de type II, à des troubles cardiovasculaires, des troubles de la reproduction et des problèmes comportementaux.

Les phtalates se retrouvent dans les câbles électriques, les jouets, les emballages, les adhésifs mais aussi comme agents de texture dans les cosmétiques (crèmes, vernis) et agents de fixation ou solvant des parfums. Il est extrêmement choquant de les trouver encore dans de nombreux dispositifs médicaux comme les poches de transfusion faisant d'individus vulnérables comme les bébés prématurés ou certains malades en soin intensif les personnes les plus exposées à ces substances dangereuses d'autant plus qu'une exposition prénatale aux phtalates entraînerait un risque de malformation des organes de reproduction et des désordres métaboliques.

Les parabènes, sont une famille de conservateurs très courants dont plusieurs présentent des propriétés de PE. On les retrouve dans 80% de nos cosmétiques ainsi que dans les médicaments, les boissons et les aliments mais aussi dans un certain nombre de couches et de lingettes bébés. Ils perturberaient le fonctionnement de plusieurs hormones (oestrogènes/androgènes, hormones thyroïdiennes), et sont susceptibles de provoquer des atteintes à la fertilité et à l’activité métabolique.

Les perfluorés (PFC) sont utilisés dans les revêtements antiadhésifs, anti-tâches et hydrofuges. On les retrouve dans les moquettes, les canapés, les textiles et les vêtements imperméables mais aussi dans les poêles anti-adhésives, les emballages de fast-food, la vaisselle en papier jetable etc. Ces produits chimiques peuvent en outre persister dans l'environnement et l'organisme pendant de nombreuses années et contaminer la chaîne alimentaire à l'échelle planétaire. Les PFC sont associés à des atteintes à la reproduction, des troubles comportementaux et à l'affaiblissement des défenses immunitaires.

Enfin, certains pesticides ont été reconnus comme ayant des effets perturbateurs endocriniens et ont déjà été décelés sous forme de résidus dans l'alimentation (fruits, légumes, céréales). Notre exposition peut également se faire via l'eau et l'air. Outre leur responsabilité dans de nombreux cancers hormono-dépendants, les pesticides sont aussi à l'origine de graves problèmes d'infertilité *1 et de malformations génitales.

A ce jour, plus de 800 substances PE ont été recensées bien qu'une recherche systématique n'ait encore jamais été effectuée sur l'ensemble des produits chimiques. Si les perturbateurs endocriniens sont aussi nocifs pour notre santé, c'est parce que ces substances chimiques sont actives même à très faible dose (et parfois même plus nocives). Les effets combinés de ces PE peuvent ainsi être plus nocifs que la somme des effets des substances prises séparément. C’est ce que l’on appelle les « effets cocktails ». De même, une substance inoffensive lorsqu'elle est prise seule, peut devenir très dangereuse lorsqu'elle est associée à une ou plusieurs autres. Ainsi 0+0+0+0+0 = « quelque chose » et l'enjeu est aujourd'hui de prendre en compte ces combinaisons nocives pour la santé humaine et l'environnement.

La composition des produits de consommation reste souvent indéchiffrable et il n'existe aujourd'hui aucune obligation d'étiquetage pour signaler la présence de PE (sauf pour le BPA dans les contenants alimentaires).

C'est pourquoi, dans l'attente d'une interdiction générale et d'une élimination progressive des PE, il est important de mettre en place une information des consommateurs et un étiquetage simple et clair afin de permettre aux citoyens de faire des choix éclairés, de réduire leur exposition et d'ainsi préserver leur santé et celle de leurs enfants.

*1 - Oliva A, Spira A, Multigner L., Contribution of environmental factors to the risk of male infertility, Hum Reprod. 2001 Aug;16(8):1768-76.

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