Fermeture de Fessenheim : Il y a urgence !

A l'instar des autres réacteurs, leur vieillissement s'accompagne d'une cohorte d'incidents qui sont autant de signes avant coureur d'une catastrophe à venir.

Seuls les promoteurs du nucléaire pensent que les centrales nucléaires sont éternelles. Or, il n'y a que les déchets radioactifs et les zones contaminées qui peuvent prétendre être éternels. Les réacteurs, eux, ont été conçus pour fonctionner 30 ans. Au-delà, la prise de risque va croissante. Les matériaux utilisés, le béton, les ferrailles, les cuves ou les gaines sont soumis à rude épreuve et il est peu de dire que la volonté de prolonger la durée des vieux réacteurs est avant tout dictée par des impératifs financiers.

En prolongeant la survie des réacteurs, EDF peut, comptablement, augmenter artificiellement le temps d'amortissement de ses centrales et faire monter son cours de bourse.

Les deux réacteurs de Fessenheim atteindront l'âge canonique de 40 ans en 2017. Pire, ces réacteurs sont situés sur une faille sismique et en contrebas du canal d'Alsace. Les réacteurs ont été conçus pour résister à un séisme de 6,2 alors même que la Suisse et l'Allemagne préconisent de respecter une norme de 6,9 sur l'échelle de Richter. La différence entre ces deux normes correspond à un tremblement de terre libérant 15 fois plus d'énergie ! Alors que la dalle de béton (le radier) situé sous les réacteurs nucléaires de Fukushima, épais de 3mètres, a été percée par le coeur en fusion (le corium), à Fessenheim, il n'est que de 1,6 mètres ! Conçus dans les années 60, ces réacteurs ne résistent pas à une attaque terroriste ou à un crash d'un avion de ligne. La privatisation larvée du secteur nucléaire alliée au recours de plus en plus important à une cascade d'intermédiaires renforce le sentiment d'une technologie en sursis. Tous ces éléments factuels devraient concourir à engager le processus de fermeture de ces deux premiers réacteurs. Dans un pays qui compte 58 réacteurs, le démantèlement est une filière d'avenir. À trop tarder, il est à craindre qu'une nouvelle fois, la France passe à côté d'une expertise que d'autres pourraient lui envier.

La fermeture des deux réacteurs de Fessenheim doit être l'occasion de structurer une véritable filière d'excellence. Dans la décennie qui vient, une véritable transition énergétique doit amener la France à tourner la page du nucléaire et fermer de nombreux réacteurs nucléaires.

Alors que la menace nucléaire réclame une détermination sans faille et des décideurs politiques prêts à aller vite afin d'éviter tout risque de catastrophe dû au vieillissement des centrales nucléaires, le gouvernement est en train de participer à une véritable course de lenteur ! Il est donc temps que les engagements du Chef de l'Etat prennent forme sur le terrain !

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