Pourquoi cette campagne ?

L’agriculture biologique et bio-dynamique est le mode de production le plus performant face aux dégâts sanitaires et environnementaux avérés des pesticides et de l'agro-industrie. Elle se développe rapidement dans une grande partie du monde, notamment dans les paysanneries vivrières tropicales, et connaît chez nos voisins européens une croissance parfois spectaculaire (*1) – mais la France reste très en retrait.

Une dynamique de conversion bio nécessite des aides stables et des engagements à long terme. Or, plusieurs annonces et décisions récentes témoignent d’une tendance au désengagement de l’État :

  • incertitudes sur le crédit d’impôt pour les agriculteurs bio,
  • fragilisation des aides à la « conversion à l’agriculture bio » (dispositif annuel au lieu de l’ancien engagement réciproque sur 5 ans),
  • baisse du financement des organisations de développement de la bio,
  • promotion de la notion ambigüe « d’approvisionnement local » sans prise en compte du mode de production, dans les marchés publics (cantines) et les politiques de soutien,
  • décisions en faveur des agricultures chimiques et industrielles (facilitation de l’agrandissement des élevages hors-sol, soutien aux agrocarburants…).

En outre, la réforme en cours de la Politique Agricole Commune ne semble pas favorable à une réelle réorientation environnementale de l’agriculture européenne, et des lois inadaptées aux semences paysannes entravent la mise en oeuvre d’une agronomie écologique.

Par ailleurs, le développement de l’agriculture biologique se heurte à une politique foncière (accès à la terre) qui manque dramatiquement d’ambition et de fermeté. Il est inacceptable que presque chaque départ en retraite d’un paysan se traduise par l’agrandissement d’une exploitation conventionnelle au lieu de servir de support à une installation. Pourtant, les projets ne manquent pas, mais ne disposent pas du soutien politique nécessaire. La difficulté d’accéder au foncier et de maintenir des fermes à tailles humaines est un frein majeur à la mise en oeuvre d’agricultures respectueuses de l’environnement et du tissu rural.

Des actions positives sont pourtant possibles dès maintenant. En particulier, les Agences de l’Eau interviennent pour mettre à disposition des usagers une eau propre à la consommation ; par leur programmation pluriannuelle pour la prévention des pollutions diffuses d’origine agricole, elles peuvent contribuer à construire des dynamiques favorables à la bio dans les territoires les plus sensibles.

*1 - Entre 1999 et 2009, les surfaces bio dans le monde ont été multipliées par 3,5, le nombre de paysans bio a été multiplié par 9 et le marché des produits bio par 4.

Agir Pour l'Environnement - 2 rue du Nord - 75018 Paris - Tel : 01.40.31.02.37