Variétés standards & pesticides : un enchaînement tragique

L’appauvrissement des variétés cultivées est intimement lié à un « modèle » agricole basé sur l’usage massif de la chimie et la concentration industrielle. Les variétés végétales et races animales dites « améliorées » ne sont performantes que dans des conditions uniformisées, qui imposent d’artificialiser le milieu au moyen d’engrais chimiques et d’aliments pour bétail souvent importés. Les plantes et les animaux ainsi « poussés au maximum », et sans lien avec le milieu dans lequel ils sont cultivés ou élevés, sont déséquilibrés et fragiles et doivent être protégés à coups de pesticides ou de médicaments chimiques. Lorsque les monocultures permettent la spécialisation en supprimant la biodiversité, les machines et le pétrole remplacent les paysans et les savoirs agronomiques et écologiques.

Or, il n’est plus nécessaire de présenter dans le détail les dégâts environnementaux et sanitaires du recours systématique aux pesticides : non seulement les eaux sont polluées (selon l’IFEN , 96 % des eaux de surface françaises contiennent des pesticides, dont la moitié à un niveau préoccupant), non seulement les milieux naturels sont fragilisés (perte de biodiversité), non seulement les abeilles et autres pollinisateurs sont en danger, mais la santé humaine elle-même est menacée (troubles de l’attention de l’enfant, dérèglements hormonaux, maladies environnementales).

À titre d’exemple, les pommiers conventionnels subissent entre 25 et 30 traitements chimiques par an (parfois davantage dans les régions de monoculture de pommes). Ce n’est pas une fatalité, mais bien le résultat de la spécialisation économique et de l’uniformisation variétale.

Par conséquent, la remise en cause du recours systématique à la chimie (engrais et pesticides) est indissociable de la promotion de variétés paysannes, c’est-à-dire adaptées au milieu naturel et technique, et permettant de rebâtir une agronomie cohérente. Une pomme « Calville blanc d’hiver » nécessite bien moins de traitements qu’une « Golden », les blés de pays cultivés en agro-écologie ne nécessitent aucun traitement, tout comme les légumes anciens cultivés en association avec d’autres plantes…

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